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Une éthique de la joie


Une éthique de la joie

"La joie d'amour - Pour une érotique du bonheur" Robert Misrahi, Ed. Autrement, 2014.


L'auteur dont j'ai envie de vous partager quelques idées-force est un philosophe contemporain, spécialiste de Spinoza, qui a consacré l'essentiel de son travail à traiter des questions de bonheur et de liberté.


J'aime en particulier le regard qu'il porte sur l'Etre humain reconnu comme un sujet pensant, ressentant et incarné dans son corps ; et l'inscrit dans un mouvement dynamique de liberté et de responsabilité mû par l'énergie du Désir.


Robert Misrahi fournit d'emblée une définition humaniste de l'éthique

A mon sens, l'éthique est un ensemble de fins et principes destinés à orienter l'action globale d'un sujet dans son existence concrète tendant à l'accomplissement de la vocation humaine.

Orientée vers le bonheur individuel

L'éthique de la joie ne préconise ni rien de plus mais rien de moins qu'une liberté heureuse, dont elle est la théorie et la pratique.

D'un être humain devenu Sujet

Un être humain est une unité corps-esprit, un sujet qui s'affirme et se reconnaît comme tel à la première personne. Tout individu est déjà un sujet. Tout individu est conscience de soi. Tout individu est déjà libre

Et permettant ainsi l'émergence d'un Désir

Le sujet n'est pas seulement identité à soi et liberté spontanée, il est aussi Désir. Il est en même temps conscience de soi et Désir.

Mais c'est dans les lignes qui suivent approfondissant sa vision du Désir que Robert Misrahi rejoint peut-être le plus la gestalt-thérapie

Le désir est un mouvement dynamique déployant par lui-même sa propre énergie. L'essentiel est de cerner ce que le Désir désire : il poursuit la complétude.
Car le Désir n'est pas ce manque indépassable vu par Schopenhauer, Sartre, Freud ou Lacan mais bien au contraire le mouvement dynamique du manque qui se dirige vers son propre accomplissement (ou bonheur) comme plaisir et comme joie. En effet, ce n'est pas le vide qui est la source de l'action, c'est l'anticipation de l'accès à la plénitude. Ce n'est pas le sexe qui, habitant le Désir, donnerait un sens à l'action, c'est l'action mue par l'énergie du Désir qui forge son propre sens par les buts qu'elle poursuit.
Le Désir est l'énergie même de l'action. Cela signifie que le Désir est la conscience elle-même, la conscience en actes et que c'est comme conscience que le Désir a un sens.
Et ce mouvement du Désir vers son accomplissement prend vie et sens par l'autre et par la relation à l'autre.

Et il pose également la responsabilité individuelle face aux contraintes existentielles de finitude et de quête de sens.

Une éthique de la joie dit que la joie intense et réfléchie, comme enjeu radical de l'existence face à la vie et à la mort, est une vie à construire et non une grâce à recevoir.

Et conclut en donnant sa vision de l'amour

Sartre avait tort d'écrire dans L'être et le néant qu' "Aimer c'est vouloir être aimé". En réalité, aimer c'est d'abord aimer l'autre et ensuite être heureux que l'autre vous aime. Tout dans l'amour véritable se passe comme si chacun offrait à l'autre un don d'amour sans attendre de retour, mais pense réjouissant singulièrement de ce retour éventuel. Et ce mouvement vaut dans les deux sens, de chacun vers l'autre. La réciprocité n'est pas un dû.

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